Ce que disent les impôts des gens
May 28, 2025
Ce que je vois dans les impôts des gens
Je fais de la fiscalité depuis plusieurs années.
Et chaque printemps, comme un rituel un peu intense, je plonge dans des centaines de déclarations de revenus.
Je vais te faire une confidence : je n’aime pas particulièrement faire des impôts de particuliers.
Ce n’est pas la partie de mon travail qui m’allume le plus.
Je compte les semaines jusqu’au 30 avril. Je rêve d’air frais et de liberté comptable.
Mais malgré tout, je continue à le faire. Pas seulement pour offrir un service clé en main à mes clientes.
Mais parce que ce que je découvre dans les déclarations de revenus va bien au-delà des chiffres.
Les feuillets fiscaux, les colonnes de revenus et les relevés de placements sont pour moi un langage.
Un langage brut, froid, souvent perçu comme purement technique.
Mais que j’ai appris à lire autrement.
Parce que derrière les chiffres, je vois des histoires.
Des trajectoires de vie.
Des patterns qui se répètent.
Et surtout, des dynamiques de pouvoir bien réelles.
L’analyse qui suit n’est pas scientifique.
Elle vient du terrain.
De mon expérience directe, année après année, dossier après dossier.
Et une chose revient. Constamment.
👉 Dans la grande majorité des couples avec enfants, c’est encore l’homme qui déclare le revenu le plus élevé.
Est-ce que ça me surprend? Pas vraiment.
Mais est-ce que ça me dérange? Oui.
Pas parce que les hommes gagnent plus, mais parce que la structure autour de ça reste souvent invisible.
Parce que ce qu’on voit sur papier — ce qui est déclaré à Revenu Québec ou à l’ARC — reflète bien plus que des choix de carrière.
Ça reflète un système culturel qui oriente encore (souvent sans qu’on en ait conscience)
– qui travaille à temps plein,
– qui prend les congés parentaux,
– qui gère la charge mentale familiale,
– qui a le temps (ou pas) de faire croître ses actifs.
Ce que je constate?
Trop souvent, la femme n’a pas d’actifs à son nom.
Pas de propriété.
Pas ou peu d’épargne.
Et aucune stratégie de placement à long terme.
Et tant que le couple va bien, on n’y pense pas trop.
On partage tout. On vit ensemble. On fait confiance.
Mais moi, je le vois.
Et sur papier, parfois, ce que je vois…
c’est une dépendance financière complète.
Un déséquilibre qui, s’il était mis sur pied d’égalité avec d’autres formes de risques — comme un placement à haut rendement ou un projet entrepreneurial — serait considéré comme trop risqué pour être ignoré.
Mais ici, ce risque est silencieux.
Il est socialement normalisé.
Et il est presque toujours au détriment des femmes.
Et puis il y a l’inverse.
Dans les rares dossiers où la femme gagne plus que son conjoint, une autre dynamique m’interpelle.
Souvent, elle l’inclut.
Elle cotise à ses REER.
Elle pense en équipe. Elle partage. Elle élève.
Je vois une générosité, une logique de répartition.
Pas seulement de revenus, mais de pouvoir et de sécurité.
Et ça, je le vois beaucoup plus rarement dans l’autre sens.
Encore une fois, ce n’est pas un reproche.
C’est une observation.
Une invitation à réfléchir
Ce que je veux dire ici, c’est que les finances ne sont pas neutres.
Elles ne sont pas qu’une affaire de colonnes Excel.
Elles ne se limitent pas à des calculs de T1 ou d’annexe C.
Les finances sont traversées de rapports de genre, d’attentes sociales, de sacrifices invisibles.
Elles parlent de sécurité.
D’autonomie.
De pouvoir.
Et parfois… d’amour mal équilibré.
Si tu te reconnais dans ce que je partage ici, ou si tu veux amorcer une réflexion sur ta situation financière — seule ou en couple — je t’invite à t’outiller.
À te poser les vraies questions.
Et à te rappeler ceci : la liberté financière commence souvent par voir clairement ce qui se joue dans l’invisible.